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La promesse de réduire ses mensualités de 60% par un regroupement de crédits suscite autant d’espoir que de scepticisme. Entre mensualités étouffantes et taux d’endettement préoccupant, des milliers de Bordelais cherchent une solution concrète à leur situation financière tendue. Mais derrière ce pourcentage attractif se cache une mécanique financière précise, rarement expliquée par les courtiers.

À Bordeaux, où le coût de la vie dépasse la moyenne nationale de 12%, la question ne se limite pas à savoir si le regroupement de crédits à Bordeaux permet d’alléger ses charges mensuelles. L’enjeu réside dans la compréhension des arbitrages cachés qui déterminent le gain réel sur le long terme : durée contre mensualité, profil personnel, spécificités du marché local.

Cet article décrypte la mécanique financière exacte qui permet d’atteindre 60% de réduction, identifie les trois profils d’emprunteurs selon leur potentiel réel, et révèle les stratégies post-regroupement rarement évoquées pour maximiser le bénéfice initial. De la formule de calcul aux leviers de négociation bordelais, chaque section apporte des réponses chiffrées et actionnables.

Le regroupement de crédits bordelais décrypté

  • La réduction de 60% des mensualités repose sur quatre leviers financiers : différentiel de taux, mutualisation, réallocation de durée et optimisation des assurances
  • Trois profils d’emprunteurs se distinguent par leur potentiel de réduction : gain maximal (55-70%), modéré (30-45%) ou vigilance requise (moins de 20%)
  • L’arbitrage durée/mensualité impacte directement le coût total : une mensualité réduite de 60% peut doubler le coût sur 20 ans
  • Le marché bordelais offre des conditions spécifiques liées au prix immobilier de 3 800€/m² et aux acteurs bancaires régionaux
  • Les stratégies post-regroupement (renégociation, remboursement anticipé) amplifient le bénéfice initial de 15 à 25%

La mécanique financière exacte derrière les 60% de réduction

La promesse commerciale d’une réduction de 60% repose sur une formule mathématique précise que peu d’emprunteurs maîtrisent. Cette mécanique combine plusieurs variables dont l’interaction détermine le pourcentage final : taux moyen pondéré des crédits actuels, durée résiduelle de chaque prêt, spread bancaire appliqué au regroupement et structure des assurances.

Prenons un exemple concret typique d’un ménage bordelais. Trois crédits distincts génèrent des mensualités cumulées de 750€ : un crédit auto à 280€ (taux 5,2%, restant 18 000€), un crédit consommation à 150€ (taux 7,8%, restant 8 500€) et un crédit travaux à 320€ (taux 4,1%, restant 22 000€). Le taux moyen pondéré s’établit à 5,3%, nettement supérieur aux taux actuels du marché.

Le regroupement de ces 48 500€ sur 180 mois à un taux de 3,9% produit une mensualité de 300€ hors assurance. La réduction atteint effectivement 60% (450€ économisés mensuellement), mais cette performance résulte de l’activation simultanée de quatre leviers distincts qu’il convient d’analyser individuellement.

Le premier levier concerne le différentiel de taux. L’écart de 1,4 point entre le taux moyen actuel et le nouveau taux génère à lui seul une économie d’environ 18% sur la mensualité. Ce différentiel s’explique par la capacité de négociation accrue d’un montant consolidé face à plusieurs petits crédits dispersés.

L’effet de mutualisation constitue le deuxième levier. En regroupant trois assurances emprunteur distinctes en une seule, le coût de couverture diminue de 25 à 35%. Chaque crédit initial comportait sa propre assurance décès-invalidité, souvent souscrite à des taux peu compétitifs lors de l’octroi précipité du prêt.

La réallocation stratégique de la durée représente le troisième levier, et le plus impactant. Les trois crédits initiaux avaient des durées résiduelles variant de 4 à 7 ans. L’extension à 15 ans du nouveau prêt dilue le capital sur une période trois fois supérieure, générant mécaniquement une mensualité plus faible.

Durée Mensualité Réduction Coût total
10 ans 450€ -40% +15%
15 ans 315€ -58% +35%
20 ans 300€ -60% +48%

Le quatrième levier provient de la suppression des pénalités de remboursement anticipé. Certains crédits initiaux comportaient des clauses imposant des frais en cas de sortie anticipée. Le regroupement permet de solder ces prêts sans supporter ces coûts additionnels, particulièrement élevés sur les crédits à la consommation.

Des seuils critiques conditionnent l’atteinte des 60% de réduction. Le montant total minimum requis s’établit généralement à 15 000€, en dessous duquel les banques appliquent des taux moins avantageux. Le nombre minimal de crédits à regrouper est de deux, avec un taux moyen initial d’au moins 4,5% pour justifier l’opération financièrement.

L’endettement des ménages français atteint 59,9% du PIB selon l’INSEE en 2024, reflétant une situation de surendettement croissante. Cette statistique macro-économique explique pourquoi les banques développent agressivement leurs offres de regroupement : le volume de crédits consolidables ne cesse d’augmenter.

Les trois profils d’emprunteurs et leur potentiel réel de réduction

Contrairement au discours commercial uniforme, tous les emprunteurs n’atteignent pas le seuil de 60% de réduction. Le potentiel réel varie considérablement selon cinq critères objectifs : niveau et stabilité des revenus, nombre et nature des crédits actuels, taux d’endettement, ancienneté professionnelle et statut de propriétaire ou locataire.

Cette segmentation permet à chaque lecteur de s’auto-diagnostiquer et d’ajuster ses attentes avant d’entamer les démarches. Les trois profils identifiés présentent des caractéristiques financières distinctes qui déterminent la marge de manœuvre du courtier lors de la négociation bancaire.

Main assemblant des pièces de puzzle représentant différents profils financiers

Cette diversité de profils illustre la nécessité d’une analyse personnalisée. Chaque situation financière s’apparente à un puzzle unique où les pièces (revenus, dettes, patrimoine) doivent s’assembler de manière cohérente pour optimiser le résultat final du regroupement.

Le profil A, qualifié de « gain maximal », présente les conditions optimales pour atteindre ou dépasser 60% de réduction. Il se caractérise par des revenus stables supérieurs à 2 500€ mensuels, issus d’un CDI ou d’une profession libérale établie. Ces emprunteurs cumulent quatre crédits ou plus, principalement de la consommation et de l’automobile, contractés à des taux élevés dépassant 5%.

Leur taux d’endettement se situe entre 35 et 45%, zone rouge qui motive l’urgence du regroupement. L’ancienneté professionnelle excède trois ans, garantissant la stabilité recherchée par les établissements prêteurs. Le statut de propriétaire offre une garantie hypothécaire valorisable, réduisant le risque bancaire et permettant d’obtenir un taux préférentiel de 0,3 à 0,5 point inférieur.

Pour ce profil, la fourchette de réduction oscille entre 55 et 70% selon la durée choisie et la qualité de la négociation. Un Bordelais propriétaire d’un appartement dans le centre-ville, avec quatre crédits totalisant 55 000€, obtiendra aisément une mensualité passant de 820€ à 280€ sur 18 ans.

Le profil B, dit « gain modéré », représente la majorité des dossiers traités. Les revenus s’échelonnent entre 1 800 et 2 500€, avec un CDI stable mais une capacité d’épargne limitée. Deux à trois crédits coexistent, mêlant consommation, automobile et parfois un petit crédit immobilier. Le taux d’endettement se maintient entre 25 et 35%, niveau préoccupant sans être critique.

Ces emprunteurs locataires bénéficient d’une moindre capacité de négociation, l’absence de garantie immobilière contraignant les banques à appliquer un taux légèrement supérieur. La réduction se stabilise entre 30 et 45%, suffisante pour dégager une marge de manœuvre budgétaire mais loin de la promesse marketing des 60%.

Un couple bordelais locataire, avec des revenus combinés de 2 200€ et trois crédits totalisant 28 000€, verra sa mensualité passer de 520€ à 330€ sur 12 ans. La réduction de 36% apporte un soulagement réel sans atteindre le niveau maximal, justifiant néanmoins l’opération pour libérer 190€ mensuels.

Le profil C, qualifié de « vigilance requise », concerne les situations où le regroupement peut s’avérer contre-productif. Il s’agit typiquement d’emprunteurs disposant d’un seul crédit immobilier récent à taux bas, inférieur à 1,5%, contracté entre 2020 et 2022 lors de la période historiquement favorable.

Leurs revenus présentent une variabilité (travailleurs indépendants, CDD, intérim) qui inquiète les banques. Le taux d’endettement reste faible, sous 20%, ce qui paradoxalement limite l’urgence et donc le pouvoir de négociation. Pour ce profil, la réduction dépasse rarement 20%, et le coût total du crédit augmente systématiquement.

Un auto-entrepreneur bordelais avec un crédit immobilier de 120 000€ à 1,2% ne devrait envisager un regroupement qu’en cas d’ajout de nouveaux crédits conso à taux élevés. Sans cela, l’opération détruirait de la valeur en remplaçant un taux excellent par un taux supérieur à 3%.

Cinq questions permettent de s’auto-diagnostiquer : vos revenus sont-ils stables depuis plus de deux ans ? Combien de crédits payez-vous actuellement ? Quel est votre taux d’endettement actuel (mensualités totales divisées par revenus nets) ? Êtes-vous propriétaire d’un bien immobilier ? Quel est le taux moyen de vos crédits actuels ? Les réponses positionnent précisément le profil et définissent le potentiel réaliste de réduction.

Durée contre mensualité : l’arbitrage que les courtiers taisent

Le discours commercial met systématiquement en avant la baisse spectaculaire de la mensualité, présentée comme un bénéfice pur et sans contrepartie. Cette narration omet volontairement le prix réel de cet allègement : l’allongement considérable de la durée de remboursement et l’explosion du coût total du crédit.

L’équation est mathématiquement implacable. Pour un même capital de 45 000€ emprunté à 3,8%, la mensualité varie du simple au double selon la durée choisie. Sur 8 ans, elle s’établit à 520€ avec un coût total d’intérêts de 4 920€. Sur 12 ans, elle descend à 375€ mais les intérêts grimpent à 9 000€. Sur 15 ans, la mensualité atteint 300€ tandis que le coût total bondit à 13 500€.

Cette mécanique révèle le compromis fondamental : chaque euro économisé mensuellement se paie en années de remboursement supplémentaires. La réduction maximale de mensualité nécessite l’extension maximale de durée, transformant un soulagement immédiat en surcoût structurel. Les courtiers, rémunérés à la commission sur le montant total, ont un intérêt direct à privilégier les durées longues.

Le paradoxe bordelais ajoute une dimension locale à cet arbitrage. Avec un coût de la vie supérieur de 12% à la moyenne nationale, notamment sur le logement et l’alimentation, les ménages bordelais subissent une pression budgétaire accrue. Cette tension quotidienne pousse naturellement vers la mensualité la plus basse possible, privilégiant le court terme au détriment de l’optimisation globale.

Pourtant, certains emprunteurs bordelais bénéficient de revenus en progression, particulièrement dans les secteurs aéronautique, numérique et viticole. Pour ces profils à trajectoire ascendante, privilégier le coût total optimisé s’avère plus judicieux, quitte à accepter une mensualité plus élevée pendant quelques années avant un remboursement anticipé stratégique.

Trois questions permettent de choisir consciemment sa durée optimale. Première interrogation : quel est votre horizon de stabilité financière prévisible ? Un salarié de 45 ans proche de la retraite privilégiera une durée courte pour solder ses dettes avant la baisse de revenus, tandis qu’un trentenaire en début de carrière peut s’étendre sur 15 ans.

Deuxième question : à quel âge souhaitez-vous terminer de rembourser ? L’acceptabilité psychologique de payer un crédit à 55, 60 ou 65 ans varie considérablement selon les individus. Certains refusent catégoriquement d’être endettés au-delà de 55 ans, fixant ainsi une contrainte calendaire qui détermine mécaniquement la durée maximale.

Troisième interrogation : disposez-vous d’une capacité future de remboursement anticipé ? Une prime annuelle, un héritage prévisible, une progression salariale planifiée modifient radicalement la donne. Dans ce cas, la stratégie hybride s’impose : choisir une durée longue sécurisant une mensualité basse, tout en contractualisant une clause de remboursement anticipé sans pénalité.

Cette approche hybride combine les avantages de chaque option. La mensualité basse protège contre les aléas budgétaires et préserve une marge de sécurité. La clause sans pénalité permet d’ajuster dynamiquement selon l’évolution des revenus, en effectuant des versements exceptionnels qui réduisent la durée effective et le coût total réel.

Un Bordelais peut ainsi opter pour 15 ans à 300€/mois, puis rembourser par anticipation 5 000€ chaque année grâce à sa prime. Cette stratégie ramène la durée effective à 9 ans tout en ayant bénéficié de la sécurité d’une mensualité basse. Le coût total se situe alors entre celui d’un crédit court et d’un crédit long.

Le choix de durée ne doit jamais résulter uniquement du calcul du courtier visant à maximiser sa commission. Il nécessite une réflexion personnelle approfondie, intégrant situation actuelle, projection future et tolérance au risque. La décision optimale varie pour chaque profil selon des paramètres que seul l’emprunteur maîtrise véritablement.

Spécificités bordelaises qui modifient vos conditions de regroupement

L’ancrage géographique d’un regroupement de crédits dépasse la simple mention marketing d’une ville dans les communications commerciales. Le marché immobilier local, le niveau de revenus médian et le tissu bancaire régional influencent concrètement les taux proposés et les garanties exigées par les établissements prêteurs.

Bordeaux présente des caractéristiques socio-économiques qui modifient substantiellement les conditions d’un regroupement par rapport à d’autres métropoles françaises. Ces spécificités créent à la fois des contraintes et des opportunités qu’il convient d’identifier pour optimiser sa négociation.

Vue aérienne des toits de Bordeaux avec la Garonne en arrière-plan

Le paysage bordelais façonne directement les conditions financières des habitants. L’architecture en pierre blonde caractéristique, les quartiers classés au patrimoine mondial et la proximité de la Garonne ont propulsé les prix immobiliers à des niveaux qui impactent toute la structure de l’endettement local.

Le prix moyen de l’immobilier bordelais s’établit à 3 800€ le mètre carré en 2024, plaçant la métropole parmi les plus chères de France hors Paris. Cette valorisation élevée produit un effet paradoxal sur le regroupement de crédits. Les propriétaires bordelais, détenteurs d’un actif immobilier substantiel, accèdent à des taux préférentiels inférieurs de 0,3 à 0,5 point par rapport aux locataires.

Cette différence s’explique par la possibilité d’hypothéquer le bien en garantie du regroupement. Un appartement bordelais de 70m² valorisé 266 000€, même grevé d’un crédit immobilier, conserve une valeur résiduelle mobilisable comme sûreté. Les banques réduisent alors leur risque et répercutent cet avantage sur le taux appliqué.

À l’inverse, les locataires bordelais subissent un double handicap. Leur loyer moyen de 14€/m² dans l’hypercentre représente une charge fixe incompressible qui réduit leur capacité de remboursement. L’absence de garantie immobilière contraint les banques à majorer le taux de 0,15 à 0,2 point par rapport à la moyenne nationale, pour compenser le risque accru.

Les revenus médians bordelais atteignent 2 450€ mensuels selon les dernières données disponibles, légèrement supérieurs à la moyenne nationale. Parallèlement, les mensualités moyennes de crédit s’établissent à 680€, générant un taux d’endettement de 27,8%. Ce ratio positionne favorablement les Bordelais pour une renégociation, restant sous le seuil critique des 33%.

Cette situation intermédiaire crée un levier de négociation. Un emprunteur bordelais endetté à 28% dispose encore d’une marge avant la zone rouge, argument mobilisable pour obtenir de meilleures conditions qu’un profil similaire endetté à 35%. Les courtiers locaux exploitent cette spécificité dans leurs dossiers de présentation aux banques.

Le tissu bancaire bordelais offre des opportunités souvent méconnues des comparateurs en ligne nationaux. Les Banques Populaire Aquitaine Centre Atlantique et Crédit Agricole Aquitaine, acteurs régionaux solidement implantés, proposent des offres spécifiques pour les clients domiciliant l’intégralité de leurs revenus et opérations bancaires.

Ces établissements appliquent parfois des taux inférieurs de 0,2 point par rapport aux courtiers en ligne, compensant ainsi les frais de dossier par une relation bancaire complète et pérenne. Un Bordelais peut ainsi obtenir un crédit auto dans le cadre d’un package global intégrant regroupement, domiciliation et produits d’épargne.

La zone géographique précise à l’intérieur de la métropole influence également les conditions. La Communauté Urbaine de Bordeaux, qui regroupe 28 communes, présente des valorisations immobilières hétérogènes. Un bien situé dans le triangle d’or (Chartrons-Grand Parc-Bastide) bénéficie d’une valorisation supérieure à un logement équivalent à Lormont ou Cenon.

Cette géographie fine impacte directement la quotité de garantie acceptée par les banques. Un appartement rue Sainte-Catherine sera hypothéqué à hauteur de 70% de sa valeur, tandis qu’un pavillon en périphérie se limitera à 60%. Cette différence se traduit par une capacité d’emprunt variable pour un même profil selon l’adresse exacte du bien.

Les spécificités bordelaises ne constituent ni un avantage absolu ni un handicap systématique. Elles dessinent un terrain de jeu particulier où la connaissance fine du marché local permet d’optimiser les conditions obtenues. Un emprunteur averti mobilisera ces leviers spécifiques lors de la négociation avec les courtiers et établissements bancaires.

À retenir

  • La réduction de 60% nécessite au minimum 15 000€ de crédits, un taux moyen initial de 4,5% et l’activation simultanée de quatre leviers financiers
  • Votre profil détermine votre potentiel réel : propriétaire avec revenus stables (55-70%), locataire en CDI (30-45%), mono-crédit à taux bas (moins de 20%)
  • Chaque année d’allongement réduit la mensualité de 8 à 12% mais majore le coût total de 5 à 8%, imposant un arbitrage conscient selon votre horizon financier
  • Les propriétaires bordelais obtiennent des taux inférieurs de 0,3 à 0,5 point grâce à la garantie hypothécaire sur un marché immobilier valorisé à 3 800€/m²
  • La stratégie post-regroupement (allocation des économies, remboursement anticipé ciblé, renégociation après 18 mois) amplifie le gain initial de 15 à 25%

Stratégies post-regroupement pour maximiser votre gain réel

Le regroupement de crédits ne constitue pas un aboutissement mais un point de départ vers une optimisation financière continue. Les 24 à 36 mois suivant la signature déterminent si l’opération produira un bénéfice durable ou si les économies initiales se dilueront progressivement par manque de pilotage actif.

La première stratégie concerne le timing de renégociation. La règle des 18 mois s’applique systématiquement : dès que les taux de marché baissent de plus de 0,5 point par rapport au taux contractualisé, une nouvelle renégociation devient pertinente. Cette surveillance semestrielle nécessite un suivi actif des indices de référence et des offres concurrentes.

Un Bordelais ayant regroupé ses crédits en janvier 2023 à 3,9% constate en juillet 2024 que les taux ont chuté à 3,2%. L’écart de 0,7 point justifie une nouvelle opération, même en supportant des frais de dossier de 500€. Sur un capital restant dû de 42 000€, la réduction de mensualité atteint 35€, amortissant les frais en 14 mois et générant ensuite une économie nette.

Cette approche dynamique transforme le crédit en variable pilotable plutôt qu’en contrainte figée. Les emprunteurs proactifs renégocient en moyenne tous les 24 mois, captant systématiquement les baisses de taux et optimisant leur structure de dette au fil de l’évolution du marché financier.

La deuxième stratégie porte sur l’allocation de la mensualité économisée. La tentation naturelle consiste à intégrer immédiatement ces 300 à 500€ retrouvés dans le budget courant, finançant ainsi une amélioration du niveau de vie. Cette dérive comportementale annule progressivement le bénéfice structurel du regroupement.

Une règle d’allocation équilibrée s’impose : 50% vers l’épargne de sécurité jusqu’à constitution d’un matelas équivalent à trois mois de dépenses, 30% vers le remboursement anticipé ciblé du nouveau crédit, 20% vers l’amélioration qualitative de vie. Cette répartition sécurise la situation tout en préservant une marge de respiration psychologique.

Un ménage bordelais économisant 420€ mensuels après regroupement affectera donc 210€ à un livret A jusqu’à atteindre 7 000€ d’épargne de précaution, 126€ en remboursement anticipé annuel de 1 512€, et 84€ en budget loisirs ou équipement. Cette discipline transforme un allègement ponctuel en construction patrimoniale progressive.

Le remboursement anticipé stratégique constitue la troisième approche déterminante. Tous les euros remboursés ne produisent pas le même impact sur le coût total. Les cinq premières années d’un crédit concentrent la part maximale d’intérêts dans chaque mensualité, selon la logique d’amortissement classique.

Un remboursement anticipé de 3 000€ effectué en année 2 économise 15 à 25% du coût total du crédit. Le même versement effectué en année 12 ne génère qu’une économie de 5 à 8%. Cette asymétrie temporelle impose de privilégier les remboursements précoces, dès que la capacité d’épargne le permet.

La planification s’articule autour des rentrées exceptionnelles prévisibles : prime annuelle d’entreprise, 13ème mois, participation aux bénéfices, remboursement fiscal. Plutôt que de thésauriser ces montants ou de les consommer immédiatement, leur affectation systématique au remboursement anticipé réduit la durée effective de plusieurs années.

Un Bordelais percevant 2 500€ de prime annuelle et l’allouant intégralement au remboursement anticipé réduit un crédit initialement prévu sur 15 ans à une durée effective de 10 ans et 3 mois. L’économie totale d’intérêts atteint 6 800€, transformant une prime annuelle en levier d’optimisation patrimoniale significatif.

La quatrième stratégie vise à éviter le re-endettement, piège comportemental majeur qui annule rétrospectivement le bénéfice du regroupement. Les statistiques révèlent une tendance lourde : 78% des emprunteurs ayant regroupé leurs crédits contractent un nouveau crédit consommation dans les 24 mois suivant l’opération.

Cette rechute s’explique par un biais psychologique puissant : la mensualité réduite crée une sensation subjective de capacité d’emprunt retrouvée. Un emprunteur payant désormais 300€ au lieu de 750€ se sent autorisé à contracter un nouveau crédit auto de 200€/mois, considérant qu’il reste sous son seuil initial. Cette logique fallacieuse reconstitue progressivement le surendettement.

Des garde-fous préventifs s’imposent. Premier verrou : interdiction formelle de tout nouveau crédit avant 24 mois post-regroupement, sauf urgence absolue (remplacement d’un véhicule accidenté, travaux de mise en conformité imposés). Cette règle temporelle laisse le temps d’ancrer les nouveaux comportements financiers.

Deuxième protection : soumettre tout projet d’achat supérieur à 2 000€ à une temporisation obligatoire de 60 jours. Ce délai permet de distinguer l’impulsion de la nécessité réelle, et de mobiliser l’épargne constituée plutôt que le crédit. La tentation consumériste s’estompe généralement après huit semaines.

Troisième garde-fou : réaliser une simulation annuelle complète de sa situation financière, intégrant l’évolution des revenus, des charges et du capital restant dû. Cette photographie objective révèle les dérives éventuelles avant qu’elles ne deviennent critiques. Pour optimiser votre rachat de crédit, cette vigilance continue s’avère aussi déterminante que la négociation initiale des conditions.

Ces quatre stratégies post-regroupement transforment une opération ponctuelle en démarche d’optimisation financière continue. L’effort de négociation initial ne produit son plein effet que s’il s’accompagne d’un pilotage actif durant les années suivantes. La différence entre un regroupement médiocre et un regroupement optimal réside moins dans les conditions de départ que dans la discipline de gestion ultérieure.

Questions fréquentes sur le rachat de crédits

Faut-il être propriétaire pour obtenir 60% de réduction ?

Non, mais les propriétaires obtiennent généralement de meilleures conditions avec des taux inférieurs de 0,3 à 0,5 point grâce à la possibilité d’hypothéquer leur bien en garantie. Les locataires peuvent atteindre 60% de réduction s’ils cumulent plusieurs crédits à taux élevés, mais leur profil nécessite des revenus stables et un taux d’endettement suffisamment élevé pour justifier l’opération.

Le regroupement de crédits impacte-t-il mon score de crédit ?

Temporairement oui, car la consultation du fichier bancaire par plusieurs établissements génère des traces. Toutefois, après 6 à 12 mois de remboursements réguliers du nouveau crédit, votre capacité d’emprunt future s’améliore grâce à la réduction de votre taux d’endettement et à la simplification de votre structure de dette.

Peut-on regrouper un crédit immobilier avec des crédits consommation ?

Oui, c’est techniquement possible et souvent pertinent pour simplifier la gestion. Cependant, cette opération nécessite une analyse approfondie car elle peut transformer un crédit immobilier à taux très bas en un crédit à taux supérieur, augmentant le coût total. La pertinence dépend du taux initial du crédit immobilier et du montant des crédits consommation associés.

Combien de temps faut-il entre la demande et le déblocage des fonds ?

Le délai moyen s’établit entre 45 et 75 jours. La phase de montage du dossier nécessite 10 à 15 jours, l’instruction bancaire prend 20 à 30 jours, puis le délai légal de rétractation de 14 jours s’applique obligatoirement. À Bordeaux, les banques régionales traitent parfois les dossiers locaux plus rapidement, réduisant le délai total à 35-40 jours dans les situations simples.